vendredi, juillet 05, 2013

Lettre ouverte aux leaders politiques de la famille démocratique


"Parut en premier sur huffingtonpost maghreb le 05/07/2013  http://www.huffpostmaghreb.com/walid-sfar/lettre-ouvert-aux-leaders_b_3551344.html "


Mesdames, Messieurs,

Vous avez échoué sur tous les plans lamentablement et collectivement. Outre les erreurs à répétition commises depuis le 14 Janvier, tous les sondages d'opinions relèvent un constat affligeant: 50% des Tunisiens ne savent pas à qui confier leurs voix. Les autres 50% sont formés majoritairement par ceux qui ont peur pour une raison ou une autre et par les partisans du vote utile ou de la logique du moins pire.


Sans projets et sans causes


A aucun moment vous n'avez remis en question votre démarche, alors qu'il est évident qu'elle manquait cruellement, entre autre, d'écoute et d'empathie. Vous avez pensé, parfois par naïveté mais surtout par égocentrisme, qu'il suffisait de brailler le plus fort ce que vous preniez pour vérité pour qu'on s'identifie à vous et à vos idées. Même si parfois bonnes, la course au leadership communément désignée par "l'amour des chaises" n'a laissé aucune possibilité pour faire entendre ces idées et valeurs.

Vous vous êtes pris à un jeu de rôle de très mauvais goût où on feint l'union dans les discours pendant qu'on fait cavalier seul pour se distinguer dans les acte; où on conjugue les simulacres d'engueulades devant les caméras et la complaisance complice dans les coulisses. Vous avez résumé votre combat politique à des "rounds" de négociations, ce qui n'est pas condamnable en tant que tel, mais dont les motivations ne sont que l'éternelle recherche de positionnement, ainsi que cette obsession d'exister. Une obsession qui vous fait passer des deals au dépend de vos valeurs initiales. Parmi le tumulte de la vie politique, vous avez oublié que vous n'existerez que par les causes que vous défendez et les projets que vous portez. Il est donc tout à fait normal que la moitié des tunisiens ne s'identifie à aucune des diverses formations politiques, puisque vous n'en portez, dans les faits, aucun.

Vous, qui êtes épris de vos petites personnes et qui vouliez exister coûte que coûte quitte à vendre vos âmes, vous vous trouverez à la marge de l'histoire très rapidement, dans meilleur des cas dès que nous dépasserons le cap de la transition, ou le jour où nos concitoyens comprendront qu'ils méritent une meilleure classe politique que celle que vous formez.

Le chemin que vous avez choisi, comme d'ailleurs la plupart de vos choix depuis le 14 Janvier, est sans issue. Vous, qui restez prisonniers de vos complexes vis-à-vis de l'héritage de notre histoire moderne, aujourd'hui il devient impératif de vous désavouer.


Pour la modernité


Par cette lettre j'appelle toutes les forces vives de ce pays et surtout celles dans les partis politiques à s'engager activement pour:

  • Désavouer notre leadership politique actuel et l'obliger à reconnaître et assumer ses erreurs;
  • Revenir aux fondements de notre engagement et se réconcilier avec nos valeurs aujourd'hui en péril;
  • Refuser dans son intégralité le projet de constitution actuel et faire valoir notre droit à une constitution républicaine, jeune, moderne et progressiste;
  • Œuvrer pour une société élevée, libre et apaisée;
  • Refonder notre modèle économique en un modèle durable et solidaire;

Nous représentons la meilleure chance pour la Tunisie pour accéder définitivement et irrévocablement à la modernité. Il suffit de le vouloir.

Walid SFAR